La crème de la crème

Où grailler en août à Paris intra et extra-muros ?

Poser vos miches dans une rame de métro ne relève plus du miracle ? Le festival de klaxons quotidien l’a (enfin) mis en veilleuse ? Pas de doute, c’est bien le mois d’août

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© Elisabeth Debourse

Devant les innombrables rideaux baissés, vous ne savez plus où donner de la fourchette dans la capitale ? Qu’à cela ne tienne, le Fooding vous livre une liste toute fraîche des meilleures adresses qui vous gardent une place à table.

PARIS 1er

Télescope Café
Planqué en plein Paris japonais, ce coffee shop pionnier, minimaliste mais stylé, tient de la Mecque pour fondu·e·s du café bien tiré. Où le puriste Nicolas Clerc distille avec l’ascétisme d’un moine shinto le nec plus ultra des kawas, à choisir parmi des crus torréfiés sur place : kényan Bomu la Matunda, colombien Libardo Lasso, éthiopien Hambela Wamena… en versions filtre à l’Aeropress ou espresso à la Marzocco – flat white, crème, latte…

PARIS 2e

Altro Frenchie
Vous reprendrez bien un peu de Frenchie ? Ciao le fast-good US, tombé sous l’humeur transalpine du signor Grégory Marchand, qui ajoute avec brio son grain de parmigiano à la rue pavée la plus dalleuse de Paris.

Jugaad
Marre de siroter des lassis dans de pseudo-palais rajahsthanis ? Alors direction Jugaad (« détournement » en tamoul). Le chef Manij Sharma (aussi à la tête du bistrot Sharmaji dans le 15e) a ouvert en 2021 ce restaurant coloré à souhait (murs kaki, poutres et plafond corail…) où trônent deux immenses fours tandoor en laiton doré.

PARIS 3e

Bing Sutt
Au bingo de la caféinomanie, le haut Marais a tiré le gros lot avec le coffee tout beau de Davina Chang. Acopinée à la cheffe pâtissière Julia Cheung (ex-Kursaal), cette ancienne financière y (ca)fête les dorloteries de sa jeunesse hongkongaise : tout le jour, la paire de dames couche sur le large comptoir vert plissé les hits sucrés des bing sutt (ces « comptoirs » à siroter et becqueter voués au saccharose), complétés au déj’ par une quinte de plats joueurs.

Chez Taeko
Quelle meilleure atmosphère pour ce yatai (échoppe) que le bouillonnement vaporeux du marché des Enfants-Rouges ? Accoudé·e au comptoir de cette caravane sédentarisée, ça pince dare-dare de fragrants bols de pureté nippone, minutieusement confectionnés par des cuistotes contorsionnistes.

Datil
Vagabonde adulée, la cheffe épiphyte Manon Fleury resplendissait déjà au Mermoz, au Perchoir et de pop-up en pop-up… La voilà qui plante enfin ses racines au calme, dans son propre écrin tendance nappes blanches et fleurs coupées. Avec son alter toque Laurène Barjhoux et une jeune équipe (presque) sans gars en orga horizontale, la cheffe démilitarise la brigade et végétalise les assiettes où ne subsiste qu’un soupçon d’animalité, juste là pour condimenter.

PARIS 4e

Bistrot Des Tournelles
À l’ancienne ! Édouard Vermynck (ex-Entrée des Artistes) entretient une délicieuse nostalgie bistrotière dans ce rétroquet coincé entre les places des Vosges et de la Bastille, dont certains éléments de déco soufflent leur centième bougie – comptoir en marbre français, carrelage cimenté, caisse enregistreuse…

PARIS 6e

Colorova
À l’heure du déj’, ce salon de thé de la rue de l’Abbé-Grégoire (mobilier design dépareillé, couleurs pop) rameute le quartier autour d’un menu saisonnier. Pour nous, ce jour-là, sans vraiment en sortir baba : dodu gravlax de saumon, crème crue, condiment orange, le tout saupoudré de raifort râpé ; drapé de ravioles de céleri-rave sur un mélange ricotta, asperges, jeunes courgettes et petits pois…

Localino
À première vue, un localino (« petit resto » en italien) tout-mini-tout-beau, qui tape dans l’œil avec sa déco signée Rodaa Studio : appliques fifties, chic îlot marbré, clichés noir et blanc kodakés par Ron Galella… Dévoilant, après révision ophtalmo, une seconde salle ambiance boudoir, où rejouer La Belle et le Clochard – au déjeuner avec une slurpante pasta, au dîner en compagnie de tapassantes assiettes.

PARIS 7e

Marzo
Fréquenté par le gratin du quartier, ce Marzo signé Julien Cohen (Grazie, Pizza Chic) et Pascal Balland (Cinq-Mars) s’adresse à celles et ceux que le kitch des pizzerias popu lasse. Ici, l’immaculé fait foi, du bar en faïence aux tables de Carrare, avec, au fond, un sanctuaire où le pizzaïolo et son équipe se dévouent pour nourrir en disques dorés le majestueux tabernacle, couvert de mosaïques.

PARIS 9e

Citrons et Huîtres
Citrons et Huîtres, tout est dans le titre ! Une nano-cambuse amarrée à l’Hôtel Rochechouart, à mi-chemin entre la poissonnerie de quartier et l’oyster bar new-yorkais, joliment habillée par l’archi d’intérieur Marion Mailaender (sol carrelé, zinc en inox, miroirs filants, nuances de bleu).

Choukran
« In semoule we trust » : le ton est donné dans la dernière cantine du chef Abdel Alaoui (formé chez Rostang et Gagnaire), heureux propriétaire de Yemma dans l’est parisien, habitué des plateaux télé, qui a transporté cette fois la cuisine marocaine du côté de Saint-Georges.

Cuisine
Il pète toujours le feu, l’izakaya classieux de Benoit Simon (ex-Chateaubriand) et Takao Inazawa (ex-Verre Volé), avec son look à la milanaise des années 70 signé Federico Masotto – mélaminé lie-de-vin, miroirs quadrillés, déco de mousse anti-bruit.

PARIS 10e

Café Les Deux Gares
Planté au-dessus de la gare de l’Est, au sein de l’Hôtel Les Deux Gares, le bistrot grand train de Frédéric Lesire (comptoir ouvragé, tables en bois blond, chaises Thonet) n’a pas fini de régaler son monde. En cause ? Les ébouriffantes assiettes du brillant Jonathan Schweizer (ex-Sauvage), qui nous ont remis sur les rails ce midi-là : fumantes moules de Groix lustrées à l’huile d’aillet, verdies de livèche ; cuisse de poulet croustillant sur un nid de chou pointu et d’oignon nouveau.

Faubourg Daimant
Non contents d’avoir mastérisé le casse-dalle végétal côté canal avec Plan D, Alice Tuyet et son collectif légumier se faubourgeoisent dans une maison relookée Belle Époque – tables en marbre, banquette en velours molletonnée, lampe Art nouveau, verrière. Au piano, le chef Erwan Crier (ex-Royal Monceau) se met magnifiquement dans le jus (ou la sauce), fil conducteur d’un menu toujours végi.

Holybelly
Un vol direct pour les US, l’empreinte carbo en moins ? On embarque avec les cool kids du 10 chez Holly Belly 5, pour un sacré breakfast dealé à toute heure par Sarah Mouchot et Nico Alary. Bien calé sur la banquette en cuir de ce vrai-faux diner, on attaque par les œufs, brouillés pour nous, et leurs à-côtés au choix : british baked beans, excellente saucisse au fenouil, hash brown, bacon fumé du Perche, halloumi grillé

Michelle Mabelle
Non contents d’avoir dragué les becs fins du côté de Colonel Fabien avec leur resto coquin, Alessandro Candido et Camille Guillaud y font désormais la sérénade à l’enseigne de Michelle Mabelle. Derrière la romantique façade bleu ciel, leur mimi comptoir délivre rapido-presto tout ce qu’il faut pour mater les faims du quotidien – comme cette douillette soupe aux champignons dans laquelle plonger un bun signé Thierry Breton, toasté et fourré de scamorza, écrasé de butternut, chou rouge mariné et roquette.

Plan D
C’est la fête de l’entrepain à deux pas du canal Saint-Martin, où Alice Tuyet (ex-podcast Patate) et Christian Stori envoient bouler les préjugés sur les sandwichs végi ! De pimpants casse-dalles avec les miches à l’huile d’olive du MOF Frédéric Lalos, parfaitement ficelés par le chef Erwan Crier (passé par Le Royal Monceau) depuis le comptoir à percée colorée.

Taco Mesa
Calibrées pour le take-away pendant l’ère covidienne, les mexicanailleries de Beatriz Gonzalez (Neva Cuisine, Coretta), Matthieu Marcant (son mari) et Alexis Bouyer (passé par Coretta et Cheval Blanc) passent à mesa ! Et quelle table, avec son carrelage signé Studio GdB, son comptoir carotte ondulé et ses miroirs tortillards – la cheffe et ses tacolytes donnent à voir et à manger…

Tanguy
Plutôt crêpe ou galette ? Rendez-vous sur la banquette de cette ancienne boulangerie, devenue breizh en ville grâce à Gwilherm Tanguy. Rideaux bretons en macramé, épatant plafond 1900, Ouest France déposé chaque matin sur le petit bar en carrelage tout arrondi… dans cette étonnante gargote de poche on s’y envoie, galettes au blé noir bien moelleuses au centre et craquantes au bord.

Le Verre Volé
Qu’est-ce qui n’a pas été écrit sur le mythique Verre Volé, cave à manger de la première heure, orchestrée depuis plus de vingt piges par Cyril Bordarier et Thomas Vicente ? Au panthéon du cool international, cette institution bistrotière de la rue de Lancry rameute moins les fidèles pour son contenant (carrelage banal, cuisine-placard ouverte, mobilier en Formica dépareillé) que son contenu : des vins hautement naturels et une popote canaille.

Sapid
Il était une fois une toque à vingt étoiles… Régnant sur cette collection en or massif, le chef star français Alain Ducasse. Son dernier fait d’armes ? Sapid, un restaurant engagé prônant une cuisine anti-gaspi, végétale et accessible, pensée avec Romain Meder et exécutée par la cheffe péruvienne Marvic Medina, tous deux débauchés du Plaza Athénée.

PARIS 11e

Baby Love Burger
Quand Jérémie Kanza (Balls) et Camille Fourmont (La Buvette) jouent les frenchy Ray Kroc pour lancer le McDalle du turfu, 100 % quali et fait maison, ça junke sec ! Bienvenue chez Baby Love Burger, échoppe hipsterisante (lino rouge cerise, néons à messages, miroirs à gogo) où l’on se pose en bande sur les tabourets pour dézinguer des burgers de luxe.

Bouche
Il aura fallu deux piges à Angela Kong et Antoine Bernardin (ex-Les Niçois) pour dégoter et retaper de fond en comble ce vieux kebab de quartier, avec l’aide de l’Atelier Leymarie Gourdon. Le résultat ? Bouche, un lieu vivant aux murs grattés, au comptoir bétonné et à la table d’hôte cachée, où Florent Peineau (ex-Gare au Gorille) envoie de tapageuses tapassiettes.

Brutos
‘‘Braise-moi’’ susurrent saucisses de canard et boudins maison, langoustines et lieus jaunes, voire poulet dominical, émoustillé·es de se faire lécher par une cuisson néandertalienne : la braise. Opération portée au pinacle chez Brutos, bistrot conforme mixed-gril 75011 (banquette olive, briques, pierres râpées, comptoir, cuisine vitrée) qui maîtrise le concept en particulier pour les plus excités du tout feu tout flamme.

Buck
Proposer le meilleur poulet frit de Paris ? C’est l’audacieux pari de Balthus Levin, ancien poulain des sœurs Levha, et Alexandre Slama, ingénieur informatique reconverti. Après avoir écoulé leur came en dark kitchen et frituré de la volaille pour quelques événements, le duo a trouvé son repaire définitif dans le 11e, fringué de mobilier orange et béton ciré blanc.

Café Mirabelle
À deux pas du Cours Simon, le Café Mirabelle joue une gentille comédie. À l’œuvre, la pâtissière strasbourgeoise Marion Goettlé (ex-Heimat), qui récite une cuisine bien à elle dans un décor singulier – poutres apparentes, boiseries moutarde, cheminée, fresque enfantine…

Fulgurances, l’Adresse
On n’arrête plus les résidences chez Fulfurances ! Après les chef·fe·s Chloé Charles, Tamir Nahmias, Rose Greene, Sam Miller, Céline Pham, Sebastian Myers, Peeter Pihel, Raphaël Calisto, Mariana Villegas, Alban Chanteloup, Akane Monavon et Kilian Crowley, entre autres (que du beau monde !), le petit consulat du manger-monde, fondé par Sophie Cornibert, Rebecca Asthalter et Hugo Hivernat, a choisi d’offrir à nouveau l’asile culinaire à Antoine Villard (ex-Double Dragon et Septime), après un premier passage en 2018.

Gramme 11
Am, stram, Gramme, pic et pic et cool et miam ! À l’est du Marais, où elle continue de faire chavirer les petits cœurs dans son coffee de poche, Marine Gora en a remis une belle couche en ouvrant cette fois un bistrot – comptoir boisé, tables patinées, lumières tamisées. Au programme, toujours de joueuses salades de saison, des sandwichs bien ficelés et des tartines à se damner, plus une nouveauté : le service du soir, qui ne se prive pas de réinterpréter la bistrote parisienne avec des assiettes qui en jettent.

Le Dauphin
Caveau de marbre signé par les archis Rem Koolhaas et Clément Blanchet, l’annexe tapasseuse d’Iñaki Aizpitarte (Le Chateaubriand) roule des mécaniques ibériques pour s’émanciper de la maison mère. Ce soir-là, entre miroirs mon beau miroir : croqueta de jambon joufflue comme un chérubin ; éclatantes et fondantes saint-jacques crues à l’oseille ; légumes froids au pistou et pistaches ; canon riz Bomba aux poissons, comme des épousailles entre paella et bouillabaisse.

Le Favori
Dans leur nano-snack à grosse dégaine vintage (carreaux vert d’eau, devanture rétro, vrai frigo Mr. Freeze), Charles, Kevin et Alexis font péter des ‘dwichs bien troussés et numérotés façon bingo, à binge gober sur la mini-terrassette avec un si beau temps.

Le Servan
Quand l’une orchestre la cuisine, l’autre, un œil sur le service, n’est jamais loin. Ainsi va l’ordinaire chez les sœurs Levha, Tatiana et Katia, veillant sur leur bistrot d’angle, d’où elles prirent leur envol, revisité en mode sobre, murs clairs, appliques façon art-déco, comptoir cuivré, moulures et plafond discrètement nébuleux.

Les Œillets
Le onzième parisien avait-il besoin d’un autre barav’ naturophile ? La réponse se trouve au fond d’une assiette bien saucée de ce rade sacrément gaulé – carrelage en cassons, banquette vert sapin, miroir ouvragé. Derrière le zinc ? Maxime Dardeau (ex-Chambre Noire et Cave de Belleville) et Solal Martin-Grondard (ex-Yard), qui ont le bon goût d’associer leurs quilles goulottées avec la cuisine de chef·fe·s invité·e·s.

Project Sausage
Good morning, England! À la suite de Ten Belles, L’Entente et The Cambridge Public House, le Project Sausage vient rejoindre la cohorte d’adresses brito-parisiennes. Dans son lab ultra-fonctionnel (murs blancs, carrelage lambda, néons aveuglants), le chef David John Kelly (passé par le 6 Paul Bert) dégaine son plus beau franglish et ses hommages aux roborakifs (petits-)déj’ de pub.

Ratafia
Serait-ce le parfait mariage du vin et du fromage ? Pour célébrer la noce de Ratafia, les copains d’avant Robin Madeline et Valentin François ont lâché leurs jobs d’archi et de consultant pour une vie de banons et autres pue-bon. Après une formation parrainée par Alexandre Renault de COW et quelques piges au Vin au Vert, les (plus si) bleus ont creusé leur tanière hybride juste à côté de Mokonuts pour la blinder d’impeccables frometons.

Recoin
Le bistrotteur en série Florent Ciccoli en remet une louche et ajoute une nouvelle ligne à son palmarès déjà bien garni d’Au Passage, de Jones, du Café du Coin ou encore de Cheval d’Or. Son dernier méfait ? Recoin, qui reprend la formule troquet de tiéquar du Café du Coin (Formica, bois blond, céramique) avec, au piano, le Finlandais Marlo Snellman – passé par Massale.

Ten Belles Bread
Pourvoyeuse favorite du quartier en miches moelleuses et pains bien croûtés, la deuxième des trois enseignes de la team franco-britannique Ten Belles (Alice Quillet, Anna Trattles et Anselme Blayney) se remplit à l’heure du déj’ de pubard·e·s et startuppers en quête de casse-dalles bien fagotés.

PARIS 13e

Nosso
En vis-à-vis de son Tempero nouveau, la Franco-Brésilienne Alessandra Montagne-Gomes continue de sévir chez Nosso (« notre » en portugais) et ensoleille les cols blancs d’un tiéquar un peu plan-plan ! L’autre midi, dans ce bistrottarabiscoté (salles séparées par un couloir exigu, bouquins de cuisine, cave sous verrière), on se délectait d’un menu de printemps à la patte anti-gaspi…

PARIS 15e

Le Vitis
Murs jaunes, mobilier rétro, fresque de bacchanales modern style… Dans son bistrot baravineux, Marc Delacourcelle (ex-taulier du Pré Verre avec son frère Philippe) continue de dégoupiller des canons de qualité, nature ou biodynamiques. De quoi faire glisser la cochonnaille de Didier Junqua ou les fromages de chez Quatrehomme, en attendant les affriolantes assiettes de Mamadi Touré.

Le Grand Pan
À deux pas de l’ancienne demeure de Brassens (dont Le Grand Pan est une chanson), le bistrot rétro de Benoît Gauthier (carrelage moucheté, comptoir marqueté, tables en bois lustrées) défrise les papilles depuis une quinzaine d’années déjà. Au menu ? Une louche de terroir et deux doigts de sophistication, savamment dosés par ce fils de boucher briviste qui a appris le métier chez Christian Etchebest.

PARIS 17e

Interfabric
Murs à poil, légumes à l’air, vaisselle chinée… On s’y sent bien chez Alexia et Florent Artis, couple reconverti dans la popote franche et sans chichi. Après avoir failli rendre le tablier à l’été 2023 (pour rentrer dans leur Perche natal), le couple s’est ravisé, pour le plus grand bonheur des habitués.

Le Cyrano
À une longueur de nez de la place de Clichy, ce Cyrano récite ses classiques avec panache ! Dépoussiéré par une bande de jeunes potes (Charleyne Valet et Clovis Aupetit, ex-Parigots et Les Gamins, et Arthur Podetti, fraîchement reconverti), ce rade historique aux miroirs piqués et mosaïques Art nouveau, jadis maison de passe, se laisse réenchanter grâce aux assiettes enjôleuses de Charleyne, à bécoter au comptoir marbré ou sur les tables bistrot à touche-touche.

Yansai
Yansai ? Saiyan en verlan, nom des guerriers de la saga nippone Dragon Ball ! Derrière ce blaze se cache le mangaphile Thomas Li, qui a repris l’ancien traiteur de maman pour y camper sa cantoche de poche tout de bois vêtue. Où s’envoyer à volonté une régalante popote asiatique : bo bun, kare raisu (le curry tradi japonais), boulettes de poulet haché tsukune criblées d’herbes fraîches…

PARIS 18e

Bouillon Pigalle
C’est aux frères Moussié (Hôtel Providence, Le Mansart, Jeanette) que l’on doit la renaissance, fin 2017, d’un genre sorti des radars : le bouillon, resto popu à la mode d’avant le low-cost ! La mise ? Deux étages lookés néo-Belle Époque (tables nappées, grands miroirs, nuées de suspensions), où les serveur·ses cavalent sans relâche entre 300 couverts dans une ambiance de festin à flux tendu.

Boulom
Le concept de « buffet à volonté » est vieux comme les restaurants chinois de l’avenue de Choisy : tu paies 32 balles au déjeuner, ou 45 balles pour le dîner, et tout t’appartient ! L’innovation, dans ce resto à carrelage en damier et tables d’hôte planqué comme un speakeasy dans l’arrière-boutique d’une boulangerie éthique (Boulom pour « boulangerie où l’on mange »), c’est que le « tout » en question conçu par le chef dacquois Julien Duboué (ex-A Nostre et La Dalle), très orienté Sud-Ouest, et surtout vraiment bon.

Coloré
Attention aux apparences de ce coffee shop tout blanc dedans et dehors ! Où, en plus de pâtisser comme jamais, la jeune cheffe japonaise Megumi Takehana (ex-Nanashi) jongle avec des assiettes saute-frontière hautes en couleur.

L’Arpaon
Preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que le dix-huitième n’est pas le dernier des arrondissements bistrologiques, cet Arpaon de Yann Botbol (vu au Servan), Nathan Sebagh (croisé à Candide) et Yann Derout (passé par Mamagoto), reprenant une formule qui a prouvé son efficacité : une devanture pour le moins aguicheuse (ici, vert impérial), une déco évocatrice qui va à l’essentiel (murs nus, chaises Thonet, grand miroir) et une cuisine qui se laisse voir.

Le Ruisseau
Les burgers saignent de source et ne prennent pas une ride dans cet anguleux Ruisseau (carrelage de bistrot, orbes suspendus, comptoirs démultipliés), fastueux fast-food proposant une douzaine de compos calées sur les deux fournées journalières de buns maison : fish (lieu noir pané), pulled pork, poulet pané, végi (steak de pois chiches et carottes) et, naturellement, classique bœuf, à base de steak du Châteauneuf dans le Pas-de-Calais, haché minute et décliné en moult versions – cheddar, blue cheese, BBQ, tartare…

PARIS 19e

Mardi Café
Derrière son blaze simple comme bonjour, ce repaire à cafés de niche (Friedhats, Prolog, April) dégaine potions caféinées (de l’espresso au cold brew), hojicha latte et dirty chai dans un esprit nippo-danois qui a du chien : devanture soulagienne, dominante de bois blond, lignes épurées, comptoir tiré au cordeau…

Le Cadoret
Au Cadoret, on c-adore tout ! La dégaine vintage (sol mosaïqué, zinc collector, miroirs patinés), le kawa du matin au comptoir, les apéros à coups de croissants jambon-fromage et de bières artisanales, les playlists bien senties de Louis Fleuriot, et bien sûr les assiettes de sa sœur Léa, qui cajole l’ordinaire de l’upper Belleville avec une cuisine bistrotière pleine d’amour et de contrastes.

Soces
Vous reprendrez bien un peu de mer ? Sur les hauteurs de Belleville, le riant cap’tain Kevin Deulio (ex-Bar Vendôme au Ritz) a accosté Soces, chic cambuse exhibant moulures, parquet patiné, pierres grattouillées, luminaires chinés par Adrien de Liedekerke Beaufort (3e associé) et cuisine-verrière, où le chef Marius de Ponfilly (ex-Clamato) fricote avec tout ce qui lui passe sous la main : poiscaille, oursins, coquillages, crustacés…

PARIS 20e

Bang Bang
Bang bang ! Qui est là ? Le Danois Mads Christensen (ex-Chardon) et le Colombien Carlos Peñarredonda (ex-Candelaria), qui goupillent une popote pétaradante à Belleville ! Les deux chefs font la paire dans leur rade coloré (comptoir citron vert, carrelage azur, néon orange), où chipotle, jalapeños et autres pimentueries se font sévèrement barbecuter dans un menu explosif.

Caché
Proprios de deux restos parmi les plus planqués de Paris, Lorenza Lenzi et Gianpaolo Polverino adorent les cachetteries ! Dans une ancienne imprimerie au fond d’une allée pavée, le pubard et la modeuse reconverti·es continuent de bichonner Caché comme à la première heure, malgré l’ouverture bien plus récente d’Amagat à quelques mètres de là.

Paulownia
Au numéro 15 de la rue des Vignoles, un jeune arbre obstiné fissurait déjà l’asphalte du trottoir… Signe pour Tess Duteil, sommelière et maîtresse d’hôtel, et Geoffrey Belin, son homme à toque, qu’il fallait se planter là, contre le feuillu à qui l’adresse emprunte désormais le blaze. Piqué par Cupidon chez Passard, le duo s’est frotté à d’autres grosses légumes avant d’ouvrir ce lieu maxi-cosy, avec parquet blondinet, zinc engageant, cucurbitacées et fourneaux sans pudeur.

BOULOGNE-BILLANCOURT

Bonnotte
Ça déboule et ça déballe à Boulogne ! Après examen conjoint des pupilles, des papilles et des autres sens, on ne peut accorder qu’une très bonne note à Bonnotte, spot à bistrote tout propret (parquet, tables en bois blond, murs immaculés) tirant son nom de la pomme de terre de Noirmoutier. Où a grandi le chef Antoine Guichard (ex-Oiseau Blanc et Taillevent), qu’on retrouve en salle cette fois, tandis que Manon Negretti-Guichard (ex-Café Ineko, Semilla et Lasserre) ensorcelle les assiettes selon l’arrivage et l’humeur.

SAINT-OUEN

Bonne Aventure
Si vous cherchez de solides prédictions (g)astrologiques, allez donc visiter cette Bonne Aventure ! Une joyeuse cave à grailler, avec comptoir carrelé bleu azur et chaises en velours jaune moutarde, où la cheffe Alcidia Vulbeau (ex-éditrice passée par Frenchie), Floriane Villaume (DRH reconvertie aux fourneaux) et le goulotteur Mathias Tenret (ex-prof de français) rameutent les as de la broc’ audidienne.

Jeanjean
C’est à Saint-Ouen qu’on se met bien ! Avant de porter la bonne parole bistrotière de l’autre côté du périph, Jean His s’est forgé un C.V. en béton armé chez Etchebest à Saint-Émilion, Robuchon à Bordeaux et Stroobant à Singapour. Un dernier passage dans le Marais à l’enseigne de Terra, puis la jeune lame a migré vers le nord pour briller chez Jeanjean, un néobistrot qu’il est beau – devanture lumineuse, carrelage géométrique, briques peintes, cuisine-spectacle.

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