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Dans les coulisses du Collier de la Reine avec le duo d’archis Aus

Planqué·e·s dans l’ombre de ces adresses que l’on dévore des yeux, ils et elles imaginent les tables et les comptoirs les plus photogéniques de notre répertoire. Mangez avec le regard, buvez avec les oreilles et retrouvez ici la vision des meilleur·e·s architectes, designers et créateur·rice·s de l’époque !

  • Date de publication
  • par
    Caroline Mas
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Le Collier de la Reine

© Marine Billet

Cette semaine, coup de spot sur Manon Guéguen et Ulisses Machado, qui ont looké avec brio Le Collier de la Reine, à Paris – berceau d’un bad buzz qui éclaboussa la reine Marie-Antoinette en son temps, devenu depuis l’écrin des noctambules en manque d’histoires du soir.

Les contours de votre parcours ?

Manon Guéguen : On s’est rencontrés pendant nos études à l’école nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville. Ulisses arrivait du Brésil, où il a grandi. On est immédiatement devenu amis et on a rapidement collaboré sur nos projets scolaires. Diplôme en poche, on s’est séparé pour bosser en agence d’archi. Concours, projets d’intérieur, scéno pour la mode… Nos expériences nous ont permis d’explorer le sens du détail, chacun de notre côté. Mais notre duo nous manquait et on a fini par se retrouver à travers des opportunités avec Arnaud Lacombe du groupe Savoir Vivre, puis Giovanni Passerini et Justine Prot pour Passerina. C’est comme ça qu’est née l’agence Aus, en 2021.

Un artiste qui a provoqué le déclic ?

La carte blanche que le Palais de Tokyo a accordée à l’artiste plasticien Tino Sehgal, en 2016, a marqué un tournant dans notre définition de l’espace. Les œuvres de Sehgal, qu’il nomme « situations construites », sont jouées par des interprètes – elles sont donc immatérielles et éphémères, l’essentiel étant le vécu de la situation. Ça nous a ouvert les yeux sur le fait que l’architecture doit dépasser la forme pour tendre vers quelque chose de plus dynamique où la subjectivité a toute sa place. Pour nous, les architectes ne sont pas les seuls à produire l’espace, et les bâtiments ne sont pas les seuls objets de l’architecture.

Votre univers en deux coups de crayon ?

On essaie de travailler sans artifice : on aime les discours directs et compréhensibles. Le message passe par les matériaux, les formes simples, et quelques détails travaillés. Il faut que le projet parle de lui-même sans détour, afin qu’il puisse permettre à la subjectivité de chacun de s’exprimer. L’espace que nous dessinons n’est en fait que l’arrière-plan de ce qui se joue. Finalement, il n’y a pas d’espace sans histoire, et nous sommes simplement là pour en écrire l’introduction.

Le pitch derrière Le Collier de la Reine ?

Le projet est né d’une collab’ avec Arnaud Lacombe, aux manettes de Vivant, Déviant, Da Graziella et de l’Hôtel Bourbon. La vision était très claire, de la proposition gastronomique à l’espace : lui et son équipe voulaient créer une grande brasserie parisienne, mais à la manière d’un public house anglais. On a cherché à s’éloigner des éléments d’ornement purement décoratifs de la brasserie tradi pour en revisiter l’esthétique à travers le choix des matériaux, des couleurs, et les détails du mobilier. Les luminaires, par exemple, combinés avec le jeu de miroirs, c’est l’un des détails qui nous plaît le plus ! Ensuite, la surface tout en longueur nous a donné l’opportunité de dessiner un comptoir immense, ou encore de créer une enfilade de booths, comme dans un vieux wagon. La géométrie du lieu a réellement modelé l’agencement : chaque espace a son identité, tout en composant un ensemble cohérent.

La première chose que vous regardez dans un resto ?

La carte des vins ! Plus sérieusement, la lumière est évidemment un élément essentiel. Quand un lieu est éclairé à la bonne intensité, on perd la notion du temps et on n’a plus envie d’en sortir. Plus globalement, ce qui nous attire, c’est la personnalité qui se dégage de l’endroit. Il faut qu’il soit détonnant, dynamique et unique, qu’il témoigne d’un sens du détail sans tomber dans le décor.

Votre dernière claque visuelle ?

L’Aera Bread sur la Rosenthaler Platz à Berlin, une boulange / coffee shop signée Gonzalez Haase AAS. Impossible de passer à côté sans être interpellé·e par la personnalité radicale du lieu. Leur délire, c’est une architecture sculpturale et une couleur tranchante en arrière-plan, qui met en valeur les produits de la boutique.

La ville qui vous inspire le plus ?

Naples ! Au premier abord, elle est très éloignée de notre univers. Pourtant, on se retrouve dans cette ville faite de contrastes et d’imprévus. Naples est une ville extrêmement vibrante, avec une certaine porosité entre espace privé et public. Elle est à la fois élégante et abrupte, volcanique. Il s’en dégage quelque chose de franc. C’est cet aspect très direct qui fait écho à notre démarche.

Le Collier de la Reine

Le Collier de la Reine

© Marine Billet

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© Marine Billet

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© Aus

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© Aus

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© Aus

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© Aus

Le Collier de la Reine
57 rue Charlot
75003 Paris

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