En 2004, après une vie de traducteur interprète, feu Toshiro Kuroda, japonais érudit épris de vie, prit les langues vivantes par les sentiments en ouvrant son épicerie-atelier dégustation transcendantale. En émoi, le gotha des chefs défile dès lors dans la planque du maître, savanturier dénicheur d’aristocratique artisanat de bouche nippon. C’est maintenant Sumiko, sa moitié cordon bleu qui anime la boutique boisée où se raconte chaque produit : riz complet torréfié de la ville de Tamba (24 € les 320 g), cultivé entre forêts et montagnes, ou plus humble et délicieux Tsuya Himé de Yamagata (14 € le kg), nouilles soba d’exception d’une infinie finesse Shinshu Togakushi Hon Juwari (13 € les 200 g), ténébreuse sauce soja Ito Shoten, fermentée trois ans en tonneau de cyprès (15,40 € les 20 cl), katsuobushi de thon Listano prêt à l’emploi (7 € les 25 g), incandescent miso rouge Inoue (21 € les 300 g), mystique vinaigre noir à la prune (12 € les 12 cl), brûlante sauce pimentée Goma Suko (11 € les 60 g) et autres shitakés lyophilsés, jus de yuzu et dashi cosmiques… On peut aussi s’offrir une dispendieuse vaisselle unique et vibratoire, où les mains d’artisans déposent leur humanité. Issé est aussi le temple des grands sakés qui font pleurer dès la première larme absorbée, à l’image de ce Kimoto no Dobu Junmai Nigori non pasteurisé (62 € les 72 cl). // Renaud Fuego
LA PÉPITE : Le kombu Okui Kaseido (75 € les 500 g), algue savamment séchée, récoltée à la pointe septentrionale de l’île d’Hokkaido, spot ancestral qui berce les laminaires aux furies silencieuses des grands courants marins.
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